Alpha-1
Question à deux euros quarante cinq : quel est le jeu vidéo le plus repompé de l’histoire ? Honnêtement j’ai bien mon idée, je miserai donc mon calbute sur un certain R-Type d’Irem Corp, sorti en 1987 et porté sur un nombre ma foi assez large de supports…
Ce devait franchement être un pavé dans la mare car dès lors, on vit fleurir toute une escouade de copies plus ou moins conformes faire surface, comme si R-Type était dorénavant la norme suprême du shoot them up. Ces remakes ou repompes allaient clairement du pire au meilleur, et en faire une liste serait d’ailleurs une tâche intéressante. Car des jeux inspirés du magistral R-Type ne peuvent être que magistraux eux aussi…
Mais hélas, non. Car les idées géniales de R-Type n’ont pas à elles seules fait de ce jeu un sommet historique, encore faut-il qu’elles soient programmées par une équipe compétente. Et avec ce Alpha-1 sorti sur Amiga dès 1988, on se rend compte que de bonnes idées correctement recopiées sur le voisin peuvent constituer une fraude à l’examen ! Et à fortiori quand elles sont mal écrites, cela n’arrange rien…
Le jeu reprend donc allègrement les standards du jeu d’Irem avec un vaisseau proche d’un R-9 (même si je lui trouve plus de ressemblances avec le R-9 « Ultra Spike » de R-Type II qui ne sortira qu’en 1989), un armement très semblable avec le fameux module, bref, rien de nouveau. Mais après tout, le R-9 et son maniement n’ont pas été déposés à l’INPI Japonais, alors…
Outre le vaisseau et son attirail, R-Type c’est aussi un level design de folie et un contrôle sans faille. Et voilà où ça coince chez Alpha-1 : tout est bâclé. Le jeu comportent seulement 4 niveaux qui reprennent en une seconde boucle. C’est court. C’est fait à la va-vite. Les niveaux en question sont linéaires et leur architecture est à des années-lumières de leur illustre modèle. Il est par exemple possible de franchir des passages entiers en se servant des décors comme d’une protection, ce qui est pour le moins étrange dans cette catégorie de shooters d’ordinaire plutôt punitifs. L’étendue de l’armement est moindre en ce sens que là où le level design de R-Type et les armes dispo se mariaient harmonieusement, dans Alpha-1 il n’existe aucune corrélation entre les décors et la nécessité de maitriser telle ou telle arme pour s’en tirer à bon compte. Bref tout l’aspect technique et tactique du jeu (donc tout le charme du bon vieux shooter à séquences) s’évapore comme neige au soleil…Raté.
La palette de couleurs est assez sommaire voire carrément douteuse avec notamment ce level vert flashy, si vert que les sprites n’arrivent même plus à accrocher l’attention du joueur… Sprites dont certains au surplus sont entièrement recopiés. Et l’environnement sonore tente également de se rapprocher de ce qui se tramait chez Irem, avec beaucoup moins de talent. Le souci, c’est que jouer à Alpha-1 réclame aussi une patience sans faille, car certains passages du jeu sont soit trop permissifs, mais d’autres sont redoutables et en voir la sortie avec vos faibles moyens et une certaine latence de l’engin relève de la gageure.
En conclusion, copier c’est une solution de facilité, mais quand la copie est de qualité, on ne peut que se plaindre de la forme du jeu mais pas du fond. Quand la copie est en plus médiocre, on se plaint d’un seul coup de tout ce qui fait le jeu : son caractère plagiaire et sa réalisation indigente. Alpha-1 est de ces copies qui déshonorent leur auteur, et par effet boomerang, magnifient encore plus l’aura de l’œuvre originelle.
Katakis/Denaris, Rezon, Pulstar, les doujin Prototype et Prototype II, ce ne sont pas les bons « R-Type-like » qui manquent. Raison de plus de laisser ce Alpha terminer sa carrière… à la fourrière.
Ce qui ne doit pas nous faire oublier que l’Amiga est une vraie corne d’abondance et emblématique d’une certaine période du jeu vidéo. Ceci ajouté pour finir sur une note nostalgique et positive.
Testé par Yace
Test crée le 27/06/11 à 15:14, modifié le 7/02/17 à 16:37