Big Bang Mini
“Ce qu’on essaie de faire de temps en temps, c’est, de façon très respectueuse, de picorer une petite idée née il y a 20 ou 30 ans, et de voir s’il ne serait pas intéressant de lui donner un petit coup de frais en fonction de l’ergonomie d’une console en particulier” Hé bien moi les p’tits gars, ces paroles de Camille Guermonprez (dans les Inrockuptibles du 19 mai 2009) me mettent un peu de baume au cœur en ces temps difficiles, alors direction un test !
Camille Guermonprez, c’est l’un des fondateurs d’Arkedo, et Arkedo, c’est le petit studio français à l’origine de Big Bang Mini. La « console en particulier », c’est la DS, et la « petite idée », c’est ni plus ni moins Space Invaders ! Ils ne doutent décidément de rien ces petits français, et autant vous le dire tout de suite : ça leur réussit !
Le jeu se présente comme un jeu de tableau donc, où vous devrez détruire les ennemis qui sont sur l’écran supérieur, et qui vous tirent dessus, en leur lançant des feux d’artifice grâce au stylet, chaque ennemi détruit laissera tomber une étoile que vous devrez collecter avec votre avatar/vaisseau pour remplir la jauge dédiée et passer au tableau suivant. On est donc très proche d’un jeu de tableau à l’ancienne, mais deux idées viennent renouveler le bazar :
– d’abord, votre avatar est indépendant de votre armement, en clair vous pouvez tirer de n’importe où en frottant l’écran du bas où bon vous semble, mais il vous faudra aussi penser à déplacer votre vaisseau pour esquiver les boulettes, là encore au stylet ! Le jeu dissocie donc attaque (en regardant plutôt sur l’écran du haut) et défense (en regardant plutôt sur l’écran du bas), ce qui vous oblige à un ping-pong constant entre les deux écrans, conférant ainsi au soft une tension et un rythme pas dégueulasses !
– deuxième idée, outre les tirs ennemis, ce sont vos propres tirs qui vont vous mettre sous pression : en effet, chacun de vos tirs manqués ira exploser contre une des parois de l’écran et lâchera alors quelques boulettes. Si au début on s’amuse à remplir l’écran comme un bourrin, on s’en méfie assez vite tant les issues se font rares ! Bref : la précision est de mise !
Le jeu exploite donc ses deux idées sur 9 mondes, chacun comptant 10 tableaux, le dixième étant un boss. Ce qui est parfois un peu long, surtout au début… Heureusement, chaque nouveau monde apportera une nouvelle pierre à l’édifice du gameplay, soit temporairement soit définitivement, et là, c’est champagne !
Car la grande force de ce jeu, c’est son incroyable richesse et la multitude d’idées dont il regorge ! Je l’ai dit, les débuts sont un peu mous hormis un premier boss dont les patterns sentent bon le manic, mais dès le deuxième niveau le gameplay s’enrichit avec d’abord le vent qui souffle vos tirs dans l’une ou l’autre direction, et aussi avec la possibilité de créer un tourbillon qui aspirera les boulettes. Et ainsi de suite, chaque monde vous donnera de nouvelles possibilités, renouvelant ainsi l’intérêt : homing missiles, mur de protection, voler l’arme de l’adversaire, créer et lancer des boules de feu, etc… Mention spéciale au niveau 7, Rio, où les notions de combo et de rythme entrent dans la danse !
Esthétiquement aussi on en a pour son argent, et même plus (chose rare dans les jeux vidéo en 2009…) : les niveaux sont tous superbes, et exploite chacun un style particulier allant du comic US au pixel art, et je vous conseille d’aller jusqu’au dernier boss pour en savourer le style tout simplement épatant ! (imaginez Apollinaire et Wagner réunis sur un last boss ! moi je sur-kiffe comme disait ma grand-mère !) Les tirs et explosions changent eux aussi en fonction des niveaux et s’intègrent parfaitement aux décors. Sachez toutefois qu’on reste toujours dans le cute’em up et l’enfantin, avec une grosse dose d’humour : le boss du niveau Paris vaut son pesant de guano !
Les musiques sont parfaitement dans le ton, et comme on n’est pas chiche chez Arkedo, elles sont disponibles sur le site officiel du jeu !
Déjà là, le jeu vaut largement qu’on s’y intéresse, mais décidément chez Arkedo, on aime les joueurs alors du coup on leur sert des modes de jeu à la pelle : outre le tuto de base et le mode arcade, vous débloquerez le mode challenge (il faut pour cela finir les 4 premiers mondes en arcade), et loin d’être une simple relecture du mode de base, ce mode challenge est un véritable jeu dans le jeu ! Il s’agit en fait d’un score attack, dont la réalisation rappelle celle de Geometry Wars Galaxies sur le même support : des formes géométriques simples qu’il faut détruire, avec le gameplay de base de ce Big Bang Mini, mais cette fois avec multiplicateur et jauge de combo « à la DDP ». Faire des chaînes fera monter votre multiplicateur, mais si vous loupez un tir ou si vous n’êtes pas assez rapide, ce multiplicateur retombera ! Ce challenge mode s’avère très rythmé, difficile, mais un brin limité…
En plus de tout ça et une fois le jeu bouclé en mode arcade, vous débloquerez aussi un mode mission comportant 25 objectifs à remplir, certains sont d’ailleurs difficiles ! (avec un cadeau à la clé !)
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Mais ce n’est toujours pas tout : si vous complétez tous les écrans bonus (ils vous sont proposés après chaque tableau, il s’agit de relier des points pour faire un dessin, avec quelques subtilités au fur et à mesure de votre progression), si vous les complétez tous donc, vous débloquerez le mode « Relax », ce qui vous permettra de souffler un peu en admirant des feux d’artifice, voire de créer les vôtres !
Et puis il y a le mode deux joueurs (avec une seule carte de jeu), qui offre un gameplay tout neuf : vous tenez ici la DS dans l’autre sens pour jouer avec votre comparse une partie de tennis/feu d’artifice vu de côté, avec quelques jolies possibilités d’emmerder le monde (onde de choc qui renvoie les boulettes, effacer les feux ennemis, etc…) dans différents décors ne provenant même pas du mode arcade !
Bon, vous avez compris : Big Bang Mini, c’est la richesse sur une cartouche DS (heu, et aussi dans sa boite et sa notice d’ailleurs !) et la multitude de bonnes idées présentes, ajoutées au fait qu’il s’agit d’une re-lecture des shoots ancestraux parfaitement adaptée à son support, servie par une réalisation impeccable et avec une volonté de faire plaisir au joueur, tout ça fait que le jeu est un must à essayer urgemment !
Attention toutefois ô membre de shmup.com, nous sommes bien loin ici d’un shoot traditionnel et tout est déstabilisant au départ : on peste contre l’absence d’un mode de contrôle plus classique, le simple concept de 1cc est hors de propos, il n’ y a pas de score en mode arcade, mode arcade qui manque un peu de rythme… En gros, et contrairement à un Ketsui Death Label par exemple, nous ne sommes pas le public visé et on est à mille lieues des clichés du genre qui nous occupe ici. Mais si vous vous accrochez un peu, vous découvrirez une véritable perle, un jeu moins sclérosé qu’un Geometry Wars, plus accessible qu’un Ketsui, plus amusant qu’un Nanostray, ce que l’autre fondateur d’Arkedo, Aurélien Regard, résume comme étant un shoot qui peut-être « joué par sa copine ». (IG mag n°1)
Allez chérie, lâche un peu ton Professeur Layton et tes Nintendogs, ce soir c’est shoot à la maison, j’vais t’fumer !
Testé par Hydeux
Test crée le 2/07/09 à 19:09, modifié le 29/09/17 à 17:09