Retour vers  2006 MKenta Cho

9/10 Excellent

Graphisme
du Kenta Cho habituel, efficace mais parfois illisible. Plus que les graphiques, c’est l’animation qui mérite des applaudissements, à condition néanmoins de posséder une bonne carte graphique.
Son
la musique tek est entraînante, les bruitages collent bien au jeu. La bande-son participe à l’expérience.

Mu-cade

  • 1 joueur
  • Scrolling multidirectionnel

Après le nerveux (et vomitif) Torus Trooper et l’hydroponique Gunroar, Kenta Cho sort Mu-cade (testé ici dans sa version 0.1). Au premier abord, le jeu surprend et montre une difficulté implacable. La lecture du readme nous apprend que le but est d’éjecter ses ennemis d’une arène sans subir le même sort sinon c’est le Game Over. De plus, si le clavier est utilisable (hélas, impossible de configurer les touches), il est prévu de pouvoir jouer avec deux joysticks, un pour se déplacer et un pour les tirs. Cette configuration de choc n’est pas du luxe, comme nous allons le voir.

Fidèle à son habituelle charte graphique, Kenta Cho nous ressert ses habituels crustacés translucido-vectoriels. Sauf qu’ici, point de crustacés mais des sortes de ténias qui luttent pour la domination d’une zone carrée perdue dans l’espace. Au départ, votre ténia n’est qu’une tête, capable de se déplacer et de tirer (des bonnes grosses rafales) un peu comme dans Astéroids. Sortez des limites et c’est la chute dans le vide et la mort. Et la mort vous allez y goûter lors des premières parties, car ça va très vite (une seule vie est allouée au début du jeu !). Des ténias hostiles se téléportent dans l’arène avec une seule idée en tête : vous balancer dehors. Une seule solution : les pousser dehors à coups de boulettes. En effet, votre armement tient plus du flash ball cher à Sarkozy que de la Kalashnikov, vous n’éliminerez vos adversaires qu’en les faisant valser dans le vide hors de l’arène.

A chaque ennemi expulsé, votre ténia grandira d’un anneau comme dans le vénérable ancêtre du jeu vidéo Snake, de même que le multiplicateur de score. Des caisses bleues apparaissent également qui font obstacle aux tirs et aux déplacements. Ce long corps peut aussi se révéler avantageux : tournoyez et assomez un adversaire d’un coup de queue (juste vengeance contre les ténias-suicides qui se jettent sur vous et vous emportent dans la mort), enroulez-vous autour des caisses pour vous accrocher, faites pendouiller votre queue dans le vide et ramenez-la d’un coup sec pour vous transformer en boule de bowling, tout devient possible !

En cas de panique, il est possible de sacrifier son corps (et son bonus multiplier), ce qui vous donne pendant quelques instants une puissance de feu impressionnante, à vous d’en profiter au mieux. Au bout de 2 minutes de jeu, l’écran ressemble vite à un plat de nouilles sous amphètes et c’est le chaos. Comme de plus les parties sont générées aléatoirement, une technique qui a bien marché dans le passé peut être difficilement reproductible. Il faut sans cesse s’adapter. La confusion est aussi graphique, c’est un vrai kaléidoscope dans lequel il est facile de perdre la tête (de ténia). Les aficionados des manic shooters ne seront pas déboussolés ! Si on ajoute qu’il peut suffire d’une simple rafale pour se faire jeter à travers toue l’aire de jeu pour finir happé par l’espace, on se dit que la vie est décidément trop injuste.

Le coup de génie de ce jeu, c’est que tout ceci est animé par un moteur physique qui rend les bêbêtes et les affrontements vivants et réalistes, les ténias s’emmêlent, se déforment, glissent, tombent… Si certaines actions du jeu sont scriptées (patterns de boulettes, comportement des diverses races d’adversaires…), le moteur physique offre des possibilités incroyables et les situations se renouvellent sans cesse. En effet, les divers chocs et collisions sont très biens gérés et vient s’ajouter un effet de gravité très élevé pour les parties de votre corps ayant le malheur de sortir de l’arène. Du coup, le « pilotage » se révèle parfois très ardu, votre ténia est parfois emporté par le poids de son long corps (imaginez Thrust avec une chaîne d’objets…).

Ainsi, si Mu-cade semble a priori reprendre des idées déjà vues, il est en réalité totalement innovant. Combien de fois vous êtes vous demandé dans un jeu « que se passerait-il si je faisais ça ? » pour finalement être déçu car ce n’était pas prévu ? Dans Mu-cade la seule limite pour appliquer de nouvelles tactiques est votre imagination. Les possibilités tactiques sont nombreuses et le maniement ultra-simple ce qui fait tout le charme. De plus, les parties ne durant pas plus de quelques minutes (très éprouvantes certes) on peut toujours s’en faire un ptit’ dernière sans se coller 3 heures devant l’écran. Les scorers en herbe seront ravis de s’essayer à garder le plus longtemps un long corps avant de le sacrifier ou bien de résister le plus longtemps possible pour jouer la montre, le score enregistrant les points et le temps.

Malgré une débauche d’effets amenant une certaine confusion, et malgré la difficulté élevée, Kenta Cho nous montre une fois de plus sa maîtrise en apportant un concept ancien très bien renouvelé servi par une réalisation technique parfaite, moteur physique inclus et une excellente jouabilité. Peut-être même nous montre-t-il ici une voie d’avenir pour le shoot’em up en général, pas moins.

Testé par fl0w + DJ Kick

Test crée le 28/03/06 à 15:56, modifié le 9/10/17 à 20:50