Retour vers  1981 PSinnloschen

/10 Nul

Graphisme
Vous verrez les sons et entendrez les couleurs...
Son
Sonorités métalliques irrégulières et agressives, limite menaçantes accompagnées d'effets de basses d'épouvante.

Polybius

  • 1 joueur
  • Scrolling multidirectionnel

Attention, les routes de votre esprit nous sont désormais ouvertes. Tout ce que vous verrez, ouirez, sentirez et ressentirez est notre fait.Vous entrez en zone Polybius.

Faisons un bref point historique : en 1981 seraient soit-disant apparues des bornes dédiées d’un jeu intitulé Polybius dans l’état de l’Oregon, à Portland pour être plus précis. Ce programme, en apparence un shmup en graphismes vectoriels semblable à Tempest aurait eu d’effrayantes répercussions : un magnétisme étrange qui causait pensées suicidaires, désorientation, cauchemars à répétition et surtout une véritable dépendance…Il est rapporté que ce titre était à l’origine de véritables files d’attente et que de nombreux joueurs avaient recours à des comportements violents afin de dégager l’individu devant eux et de prendre sa place. Il est même prétendu que de mystérieux hommes en noir (sans lien avec ceux de Détective Conan, peut-être des envoyés du MIB avant l’embauche de l’agent J mais déjà sous l’autorité des agents Z et K) venaient s’enquérir de ce jeu assez régulièrement.

De là découle toute une légende selon laquelle Polybius était en réalité une expérience de contrôle des esprits afin de les passer sous la démoniaque coupe d’un obscur complot gouvernemental, théorie appuyée par l’apparition de messages subliminaux incitant à la consommation, à l’obéissance servile ainsi qu’à une vie calquée sur les trois huit et surtout ne jamais remettre l’autorité en cause. Pfff, comme si c’était le genre de votre rédacteur que de s’opposer à l’autorité et à nier le caractère bienfaiteur de notre système basé sur l’état, la finance et la religion…

Des comportements hostiles et auto-destructeurs auraient soit-disant poussé les commanditaires de ce projet à y mettre un terme. Depuis, de nombreux personnages plus ou moins dignes de confiance ont affirmé détenir la ROM de ce fameux Polybius, dont seules ont survécu deux images : l’une de la borne dédiée, et l’autre de son écran-titre. Réalité ou mystification ? Mystère et boule de stick arcade.

Titre supposément développé par Sinnloschen en 1981, période d’essor primitif des game center au pays du barbare oncle Sam qui want you for U.S. Army, Polybius est un peu comme l’expérience de Philadelphie de 1943 (renseignez-vous) mais transposée au monde naissant des jeux d’arcade. Sinnloschen pour se traduire de l’allemand comme « perte de sens ». Bon…

Mais alors si ce jeu se voit contester jusque dans son existence, que vient-il foutre ici sur un site sérieux hanté de l’esprit de pépés du shmup en charentaises à carreaux écossais ? Des petits malins ont créé ou reproduit un programme censé émuler fidèlement cette pièce de légende qui à n’en point douter coterait des millions si un exemplaire authentique venait à faire surface.

ATTENTION : l’objet très spécial de ce jeu commande d’en user avec une prudence exacerbée. Vrais ou faux, les effets prêtés à ce jeu qui ont donc contribué à sa légende sont terrifiants sur le papier en plus d’alimenter les tenants de la théorie du complot et autres agents Mulder au parfum. Tout est consigné dans le dossier « ReadMe » du programme. Car oui, il s’agit avant tout d’un programme freeware pour PC, toute trace de la prétendue version arcade étant donc effacée ou presque. On peut dès lors se demander sur quoi se sont basés les auteurs de l’archive à choper, mais bon, cette archive existe et se doit d’être mentionnée.

Fébrile et animé de cette curiosité malsaine ou de la simple envie de me coucher moins con, j’ai donc tâté de cette chose. Et que dire….Vous êtes accueilli par un attract mode aux limites du psychotrope vous intimant de jouer à Polybius. Le jeu est un shmup donc fonctionnant sur un schéma fort proche de Tempest, mais relevé d’ingrédients chiffrés à 800.000 sur l’échelle de Scoville. Du LSD visuel qui ferait passer la porte des étoiles de 2001 l’Odyssée de l’Espace pour un état de sobriété avérée….
Techniquement, le jeu se joue comme un grand classique : faire feu sur des éléments plus ou moins abstraits avant qu’ils ne heurtent votre vaisseau. Les touches directionnelles font tourner l’écran mais votre engin garde par défaut une position fixe sur la droite de l’écran, vous permettant ainsi de prévoir la direction que pourront prendre les adversaires assez impossibles à identifier…
Mais tout ne s’arrête pas là : en allant dans le mode « Diagnostic », vous pourrez imprimer l’effet de rotation à votre engin, rapprochant le système de jeu de celui d’un Asteroids. Si j’ai bien compris la tactique, les ennemis frappés d’un chiffre divisent les attaques correspondantes de l’ennemi central ou de toute attaque frappée d’un chiffre multiple ou pouvant être divisé par ce même chiffre. Amener le chiffre de l’ennemi central à zéro vous fera passer au level suivant ; néanmoins il est impossible de prévoir quand ces ennemis stratégiques apparaîtront, et donc la durée de chaque stage, ce qui ajoute à cette impression étrange d’un jeu sans structure identifiable…

Le plus beau réside dans les effets de couleurs du jeu et ceux que l’on peut lui imprimer via le « access code ». Une option « Strobe » changera radicalement un affichage déjà source de confusion en un bordel visuel orgiaque digne d’une simulation d’acide accompagnée de laudanum, qui pour peu que vous ayez opté pour une rotation imprimée au vaisseau, aura raison de votre acuité visuelle en quelques secondes. La sensation d’égarement devient si complète que le jeu en devient rien moins qu’injouable et que toute personne sensible se doit de cesser immédiatement. Sans déconner, une mise en garde médicale s’impose, les risques n’étant à mon avis pas négligeables….

Le seul exemple qui me vient à l’esprit serait celui de la chirurgie réparatrice oculaire par le laser ; ayant vécu cette expérience en 1995 à une époque où j’étais jeune et fort, le praticien m’avait averti du fait que certains patients pouvaient ressentir étourdissements et malaises allant jusqu’aux vomissements et dans certains cas la syncope. Polybius est dans cette lignée, aussi faut-il recommander la plus extrême prudence quant à l’usage de ce titre.

Seul un souci éminent d’exhaustivité me pousse à inscrire ici la critique de ce programme dont les bases mêmes sont sujettes à caution. Je n’ai jamais été un tenant du Vectoriel à de très rares exceptions près, le genre « shoot abstrait » façon Kenta Cho ou Spark Spectra ayant son charme mais aussi ses détracteurs.
Cette version du supposé Polybius est-elle donc un délire de programmeurs qui auraient créé un jeu en se basant sur des éléments tirés de la fascination qu’exerce toute légende urbaine, ou ont-ils fidèlement sauvegardé ce que certains présentent comme une expérience interdite ? Difficile à dire mais tel est le charme essentiel des mystères quels qu’ils soient, de la vie sur Mars au talent d’Ed Wood en passant par le cerveau d’Einstein ou le pénis de Raspoutine… Polybius, le jeu fantôme, est-il une monstrueuse tentative de contrôle des esprits ou un canular comme les aptitudes cyclistes de Lance Armstrong ou les neurones de Clara Morgane ou d’une quelconque star de télé-crochet-réalité-poubelle-TF1-M6-W9 ?

Ceci n’est pas un test, d’où l’absence de note chiffrée. D’ailleurs, Polybius arcade n’existe peut-être pas. Cette fiche n’existe peut-être pas. Tout n’est qu’une illusion, tout n’est peut-être que machination édictée par des êtres mystérieux ou chimériques qui tirent les ficelles…

Je vous laisse, je vais me replonger dans le dernier roman de Sutter Kane, In the Mouth of Madness, lequel m’aidera sans doute à me remettre le neurone en place. Je ne sais plus qui je suis vraiment d’ailleurs.Un simple processus chimique doué de perception sans doute.

PS : je ne mettrai pas de lien vers le programme. A vous de vous y coller, je ne fais que relayer le mythe d’une version arcade et l’existence d’un programme freeware PC…

Testé par Yace

Test crée le 11/12/14 à 12:49, modifié le 16/10/17 à 19:41