
Il est vrai que rares sont les jeux qui apportent une réelle innovation. Surtout dans l’univers du shoot them up, malgré des titres révolutionnaires dans leur concept, leur gameplay ou même leur présentation globale. Notre discipline vidéo-ludique est marquée d’une certaine image formatée voire routinière. Et bien, messieurs les joueurs, confirmés ou novices, vétérans ou débutants, avec ce cannon Spike, tout le monde devrait normalement tomber d’accord.
Quand Psikyo, société qui à l’heure actuelle semble au point mort mais passée à la postérité grâce aux merveilleux shmups qu’elle nous a laissés, rencontre Capcom, une société qui elle aussi a laissé de grands shmups (même si les shmups Capcom ne sont finalement qu’une petite partie de sa production, contrairement au cas de Psikyo), ça donne tout d’abord une version très honnête de Gunbird 2, et la même année, Cannon Spike, également connu sous le nom de Gun Spike. Autant vous prévenir tout de suite: ce jeu est réellement un titre à part dans la vaste nébuleuse du « descendez-les tous ».
Pour commencer par une présentation synthétique, disons que Cannon spike serait plus à classer dans les rangs des Arena Shooters, en ce sens que le but de chaque level est double: survivre ( bien sûr, non mais…), mais surtout d’entièrement nettoyer la zone en cours afin d’acceder à la mission suivante. Maintenant, prenez le gameplay d’un Commando doublé de celui de l’excellent shooter Psikyo (euh..excellent shooter Psikyo, ne serait-ce pas là un exemple type de pléonasme ?) Zero Gunner 2, et vous obtenez une nouvelle manière d’appréhender le shoot them up. On pouvait s’interroger légitimement sur la réelle appartenance de ce Cannon Spike au genre qui nous passionne ici, mais l’absence de tout élément de plate-forme a fini par me convaincre.
Des robots terroristes ont envahi votre ville, il faut en finir avec cette vermine rouillée. Avant de partir vers les missions, vous devez choisir votre agent. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Capcom a sorti ses VIP. Jugez plutôt: Cammy et Nash issus de Street Fighter, Simone tout droit sinspirée de BioHazard/Resident Evil (l’une des missions est un clin d’oeil appuyé à ce jeu), Shiba venu de Rival Schools, Arthur (assez méconnaissable cependant), Megaman qu’on ne présente plus et un petit chaperon rouge sorti de Darkstalkers. Ces deux derniers persos étant dissimulés à l’écran. Si je puis me permettre, dommage qu’il n’y ait pas de personnage issu des jeux Psikyo..j’aurais bien vu Marion, Tavia, Quaid ou l’une des plantureuses pilotes de Strikers 1945… Vos persos sont montés sur des rollers et peuvent ainsi se déplacer vite fait, à l’exception de ‘un d’entre eux qui part au combat en trottinette. Tout au long du jeu, vous verrez de nombreux clins d’œil, comme le boss qui attaque comme le faisait Vega de Street Fighter II…
Maintenant, abordons la patte « Psikyo ». En toute objectivité, j’ai toujours trouvé le gameplay « made in Psikyo » très agréable de par l’équilibre attaque/prise de risque qu’il établit. Et ici, ce gameplay se retrouve parfaitement.
Chaque perso dispose d’une panoplie étendue de coups. Tout d’abord, le tir, puis viennent les attaques au corps à corps, très risquées mais payantes quand on les place correctement (à vous d’élaborer vos tactiques), elles-même de deux types: une attaque brève et une plus destructrice mais plus longue à exécuter, donc plus délicate (mais capable d’abattre un boss en deux coups !). De même, en appuyant simultanément sur les boutons d’attaque et de tir, vous obtenez un tir one-shot puissant mais qui immobilisera votre perso le temps du tir. Autrement dit, aucune de ces attaques ne devra être négligée, car le jeu est programmé de façon à avoir des exigences de précision poussée sur le joueur. Mais avec Psikyo, c’est toujours le cas…Chaque personnage a ses forces et ses faiblesse, notamment sur sa puissance de feu, sa rapidité de déplacement, la rapidité à laquelle il exécute son attaque spéciale ou la puissance de celle-ci…Les persos sont d’ailleurs dans l’ensemble bien typés et équilibrés, à vous de découvrir celui qui vous convient le mieux.
Les niveaux sont relativement courts et se déroulent toujours ainsi: une phase de nettoyage, un mi-boss et le boss. Ils arrivent dans un ordre aléatoire, et si ça commence plutôt cool, ça se corse assez vite avec la résistance assez opiniâtre de certains ennemis. Les séquences de course-poursuite sont assez fréquentes, et plaisantes aussi ! Une fois que l’on manie son perso , c’est un délice. La seule difficulté est donc de se faire au contrôle, comparable à celui de Zero Gunner 2: vous dirigez le joueur avec le stick, et une fois le bon angle trouvé, vous shootez, et en maintenant la touche de tir enfoncé, vous continuerez de déplacer votre perso. Ce qui donne une impression de liberté, déroutante au départ, excitante ensuite !
La principale critique que l’on pourrait adresser au jeu concerne sa durée. Chaque partie est assez brève, il faut se limiter à un crédit pour se rendre compte de sa résistance…car même si sa difficulté n’atteint pas des sommets (surtout en comparaison avec d’autres productions Psikyo), le challenge est présent, et les plus téméraires-ou masochistes- d’entre nous pourront toujours tenter de se mesurer au mode very hard (le jeu offre 7 réglages de difficulté, de « baby » à « very hard »). Pour ma part, je le trouve difficile comme il faut, c’est à dire suffisamment sans être excessif, même si au delà de la mission 6, ce jeu n’a rien à envier en matière d’âpreté aux autres jeux de chez Psikyo…
Capcom et Psikyo réussissent donc un harmonieux mélange entre shoot them up, commando-like et beat them all. Sans oublier d’y ajouter la touche d’originalité qui est finalement le leitmotiv de chez Psikyo depuis l’idée d’avions vintage affrontant des méchas sur-développés, jusqu’aux fins délirantes de Dragon Blaze (exemple: dégommer un immonde monstre organique à coups de sac à main, vous y auriez pensé, vous ?). Ajoutez à ça une réalisation non moins excellente, des effets de caméra très fluides et très bien gérés, une maniabilité proprement impeccable…Et vous obtenez un jeu qui en plus d’être très original, s’avère très jouissif et addictif. On en prend et on en redemande! Une partie sonore un peu plus présente aurait achevé de rendre ce jeu excellent, mais bon, on ne peut pas tout avoir.
Un excellent titre que je recommande chaudement, qui saura vous amuser, vous défouler et qui offre une courbe de progression gratifiante. En bref un must have dont je me demande pourquoi il n’est pas plus connu. Un véritable concentré d’action et de précision qui ne demande qu’une chose: que vous l’honoriez de quelques parties. Attention à l’accoutumance !