Shmup aussi conceptuel qu'hypnotique, Child of Eden sera au menu de l'émission Superplay Ultimate ce jeudi 31 octobre.
Une occasion incontournable d'admirer une prouesse sur ce titre plus qu'atypique !
S’il est un jeu que jamais, jamais je ne pensais tester, c’est bien ce Child of Eden, à l’heure actuelle dispo sur Xbox 360. Non pas que la curiosité n’y soit pas (au contraire dirai-je même), mais le jeu étant annoncé comme la suite du déjà très étrange REZ, je ne pouvais que ressentir une certaine appréhension tant l’expérience chamboule les poncifs du shoot them up, vous savez, ces codes classiques auxquels je fais si souvent référence et qui sont devenus ma philosophie du jeu.
Les occasions se révélant souvent là où on ne les attend pas, je me suis trouvé en présence de ce Child of Eden par un fortuit concours de circonstances et comme je n’oublie pas le site de référence, j’ai quelque peu insisté pour finalement tenter l’expérience. Je m’excuse par avance mais autant ce jeu est réellement marginal, autant ce test sera sans doute sujet à caution, car comment chroniquer un tel titre suivant un schéma de critique classique ? Alors avant de vous déchaîner sur les commentaires, gardez bien à l’esprit que cette production met le joueur dans un état d’esprit si inhabituel qu’il n’y aura pas qu’une seule façon de le percevoir, mais une infinité. Car oui messieurs, Child of Eden est une preuve authentique que jamais on ne pourra dire avec certitude avoir épuisé les concepts de jeu, et j’en suis le premier surpris à notre époque.
Nous sommes donc devant un genre de rail-shooter totalement abstrait se déroulant dans un univers censé figurer la connaissance humaine, un gigantesque réseau sans espace-temps et hors de l’entendement de l’humanité. Le scénario veut que le joueur doive sauver cette singularité qu’est Eden d’une infection par un puissant virus.
Ceux qui ont connu REZ ne pourront pas ne pas être décontenancés, mais le seront vraisemblablement moins que les néophytes de l’oeuvre de Tetsuya Mizuguchi. Au delà de l’aspect visuel totalement hallucinatoire et psychédélique (j’ai eu l’impression de voyager à travers le temps et l’espace à la manière de Dave Bowman franchissant la porte des étoiles dans 2001 l’Odyssée de l’espace), la principale tâche du joueur sera de s’adapter au gameplay du jeu qui participe totalement à l’étrangeté de l’ensemble. Le jeu se manie soit au pad, soit via Kinect ; je laisse aux connaisseurs de ce Kinect le soin de tenter eux-même l’expérience pour me focaliser sur le contrôle via la manette. On dirige un curseur qui permet de verrouiller plusieurs cibles à l’écran (jusqu’à huit) et ensuite lâcher ses salves. Mais certaines cibles devront être abattues avec et seulement avec votre arme secondaire, arme joliment désignée sous le nom de « Traceuse ». Ces cibles violettes à l’écran vous obligeront donc à correctement user de vos ressources pour ne pas finir submergé… Car être submergé est chose aisée dans ce jeu, l’aspect tout à fait psychédélique engendre rien moins qu’un profond sentiment d’illusion totalement déroutant. Pour finir, le joueur dispose dans sa lutte d’une attaque ultime limitée qui s’inscrit dans le schéma classique des smart bomb, attaque appelée Euphoria, à recharger au fur et à mesure de votre voyage et à utiliser avec raison… et l’occasion d’un bel effet visuel à nouveau dans ce monde sous LSD.
Chaque destruction produit un son personnalisé qui modifiera l’environnement sonore et participera au score si vos missiles et les destructions conséquentes suivent le rythme de la musique du jeu, via bonus et multiplicateurs. Nul doute que les superplayers et autres scoreurs de l’enfer auront à cœur de voir le jeu comme une gigantesque partition interactive. En ce sens, le jeu est bel et bien l’héritier de REZ.
Comme il faut bien juger cette production sur des critères pré-établis, je me risque à traiter de la réalisation suivant ces mêmes points. L’environnement graphique est proprement dément, la beauté des images défilantes est indubitable, même si évidemment les amateurs de graphismes classiques figurant sprites détaillés et définis ou patterns débridés devront se rendre à l’évidence, l’expérience visuelle de Child of Eden chamboule tout ce qui s’était déjà vu auparavant. La bande sonore-sur laquelle vous avez donc une liberté somme toute inhabituelle mais parfaitement caractéristique de ce jeu très spécial- semble également vouloir participer à entraîner le joueur loin de tout ce qu’il a pu entendre… Au rythme de sons rapides qui frappent autant l’inconscient que les tympans, votre odyssée dans les vastes tunnels des cinq niveaux devrait vous faire oublier tout ce qui vous entoure, et ma foi, revoir votre jugement sur les caractéristiques classiques des musiques de jeu vidéo, à savoir retranscrire une ambiance et personnaliser l’action… Ce que les sons de Child of Eden font à merveille mais apparemment sans cet aspect « pré-calculé et pré-établi », vu que le joueur peut, suivant ses aptitudes et son talent, participer directement au rendu sonore… C’est assez délicat à expliquer (souvenez-vous du déjà lointain Otocky sur NES), mais après tout, Child of Eden est assez délicat à définir, alors à critiquer…
Car au risque de me répéter, tout le jeu est un véritable OVNI dans le monde du shmup et du rail shooter. Le mieux à faire est, selon toute vraisemblance, de soi-même tenter le coup et se livrer corps et âme (surtout pour ceux qui utiliseront Kinect) au voyage offert par ce Child of Eden, qui en cette années 2011 est une extraordinaire marque d’originalité et qui montre bien que même si les genres sont définis par nature, il existe encore bien des idées qui justement viennent tout chambouler de temps à autre, et nous forcent à revoir nos jugements. Et comme tout projet éminemment conceptuel, le résultat ne peut se révéler consensuel. De notables divisons seront à attendre parmi les joueurs, ceux qui tomberont sous le charme indéniable de ce périple visuel et sonore, et les autres qui se sentiront si déboussolés qu’ils ne pourront guère savourer l’aventure. Mais le jeu est par nature amené à recevoir des avis opposés, c’est évident…
En ce qui me concerne et après quelques heures de test, je dois avouer que je me suis senti assez dérouté mais que l’originalité et le brio mis au service de cette réalisation sont suffisamment étonnants pour qu’on salue l’effort de création. Et même si je n’envisage pas forcément -et même pas du tout !-le shmup sous cet angle-là, la philosophie innovante et onirique de ce Child of Eden ne peut laisser indifférent. Après tout est question de sensibilité personnelle et de ressenti quasi subliminal. Pour ce jeu, il ne peut y avoir qu’un seul testeur : vous-même. Rares sont les titres si conceptuels d’où un petit rappel en conclusion : juger pareille oeuvre sur des critères posés est difficile voire contre-productif. A vous et à votre inconscient de jauger de la valeur ludique et immersive de Child of Eden…
NDLR : la note de 8/10 correspond à un jugement dans l’absolu, traitant l’originalité et la réalisation du jeu. La seule véritable note d’ « intérêt » dépendra de vous et de votre immersion dans le programme, faut-il le redire…
Testé par Yace
Test crée le 9/08/11 à 12:29, modifié le 5/10/17 à 20:09