Final Soldier

Pour briller en société, sachez distiller certains avis qui posent leur homme, et qui ne manqueront pas de vous faire passer pour une personne avisée. Devant un match de foot, tentez donc un : « Nan mais ils jouent trop dans l’entonnoir là, faut écarter le jeu ». Vous voilà promu spécialiste. Si l’on aborde la série des soldiers (sujet de conversation certes relativement rare dans les dîners mondains), placez un : « Excellente série, mais Final Soldier est nettement en retrait. Si vous voulez mon avis, il s’agit d’un ersatz sans originalité de Super Star Soldier, avec une difficulté trop permissive et une réalisation inférieure ». En faisant vôtre une opinion autant relayée sur le net, vous avez toutes les chances de passer pour un oracle.
Ce large consensus sur Final Soldier m’a toujours paru étrange, pour ne pas dire suspect. Certes, les innovations ne sont pas légion dans cet épisode, mais le fait de redémarrer au début du niveau après chaque continue (et non plus chaque vie), la présence de smart bombs renouvellent de mon point de vue les sensations. Graphiquement, le jeu, bien que joli, n’a pas la finesse digne d’enluminures byzantines de son aîné. De nombreux passages sont néanmoins très réussis, comme les niveaux 1, 6 et 7. Le level 3 est par contre assez fadasse (la meeeer, qu’on voit danseeeer…), mais c’était aussi le cas du level 2 de SSS après tout. Quant à la difficulté, il faut reconnaître que le joueur rompu aux joutes spatiales le pliera en effet vite fait, sans forcer aucunement lors des trois premiers levels.
Mais, chose qui semble avoir curieusement échappé à de nombreux testeurs, la difficulté est paramétrable. Et si le jeu est calibré par défaut pour les noobs, on trouve dans le mode hard un modèle de dosage qui n’a rien à envier à SSS. Plus un mode Expert pour les amateurs d’humiliation. Faut-il alors blâmer le jeu d’être trop facile par défaut ? C’est à mon avis le cas de vedettes de la ludothèque pce comme Gate Of Thunder ou Spriggan, mais personne ne leur a jamais jeté l’anathème pour ça. C’est en cela que je trouve le consensus suspect : je soupçonne la plupart des testeurs de n’avoir pas pris le peine de tâter du mode hard, dans laquelle le jeu prend une tout autre dimension.
Ceci dit, ce shoot n’est pas exempt de défauts. Le premier d’entre eux est particulièrement ironique, puisque les développeurs ont cru bon d’offrir la possibilité de paramétrer quatre armes parmi les cinq que propose le jeu. Trois choix par arme, soit un éventail de douze possibilités, waouh ! Sauf que malheureusement, la plupart des choix offerts respirent le caca. Soit inefficaces, soit imprécises, soit moches, seules les armes rouge et verte par défaut tirent leur épingle du jeu, si bien qu’on se retrouve à jongler avec seulement deux possibilités (plus les missiles en soutien), ce qui paradoxalement présente un appauvrissement par rapport à SSS. Une fausse bonne idée.
Seconde déception, une petite majorité des boss (quatre sur sept) sont dotés d’autant de charisme qu’une endive bouillie.
Voilà qui devrait suffire à vous convaincre qu’effectivement, Final Soldier est bien le vilain petit canard de la série. Sauf que pas du tout.
La faute à un rythme du feu de Dieu, d’abord. Alors bien sûr, pour en profiter à plein, vous aurez compris qu’il faut opter pour le mode hard., on va pas revenir 107 ans là-dessus. Une fois enclenchée, l’action est vraiment intense du début à la fin, avec un rythme encore supérieur à celui de SSS. A partir du niveau 4, on passe même à un niveau d’intensité énorme, ça défouraille sévère de tous les côtés. Ce level est d’ailleurs servi par une mise en scène très réussie. On démarre au raz des immeubles, avant de prendre notre envol et de batailler au-dessus des lointaines lumières de la ville. Épique. Les niveaux 6 et 7 accompagnent quant à eux l’action d’un scrolling endiablé, sensations garanties.
L’autre point sur lequel Final Soldier s’avère être un must est la bande sonore. Si cette qualité est un point commun à tous les épisodes, on atteint ici le nirvana. C’est bien simple, toutes les musiques sont réussies, et la plupart mémorables (le niveau 4, encore !). Elles contribuent énormément au plaisir de jeu, lui donnant une pêche unique.
Enfin, aspect incontournable des shoots Hudson, les deux caravan stages s’avèrent être tout simplement les références du genre : plus accessibles que ceux, très techniques, de SSS mais aussi plus intenses, et à nouveau servis par des musiques galvanisantes.
En résumé, Final Soldier est malgré des défauts pas vraiment négligeables un shoot terriblement divertissant, le plus pêchu de la série. Ou comment rattraper ses mauvais côtés avec d’énormes qualités. Un incontournable de la ludothèque pc engine et sans conteste l’épisode que je sors le plus souvent de mes étagères !
Testé par Laucops
Test crée le 5/04/09 à 14:13, modifié le 1/10/17 à 09:07