Non, pas de fautes de frappe ni d’oubli dans le titre, il s’agit bien du mystérieux Thunderforce premier du nom, un jeu entouré depuis 1984 de brumes nébuleuses surgies des oubliettes vidéoludiques. L’existence même de ce titre signé Tecno Soft (sic) est souvent sujette à débat: il n’est jamais sorti, il n’existe même pas, il est sorti sur des machines en bambou créées par des moines shaolin fous, etc… Cet antique premier épisode semble avoir été développé initialement sur une machine Sharp, puis porté peu après sur les premières versions du PC88 (les mauvaises langues diront qu’on n’est effectivement pas loin du bambou). C’est cette mouture PC88 qui est présentée ici.

Si le passage du 2 au 3 était déjà radicalement novateur, les différences avec ce premier volet sont encore plus marquées. Shoot multidirectionnel (une mode d’époque, avec des titres comme Sinistar, Nova2001 ou Bosconian), son but est assez obscur, il semble qu’il faille détruire un certain nombre d’ennemis avant de passer au level suivant. Le look est bien sur daté: très typés minitel, les graphismes tout crénelés en couleurs flashy sont cependant assez lisibles, l’animation est rapide. Le contrôle de l’engin est, comme souvent avec ce style de shoot, assez délicat au début. La partie son est assurée par le buzzer du PC, avec des cliquetis étranges en guise de bruitages.

L’intérêt du jeu s’est un peu émoussé avec l’âge. Souvent confus et répétitif en diable, seuls les vrais nostalgiques y trouveront leur compte. Les curieux pourront se contenter d’un essai rapide. L’essayer? Pas si facile! Si vous aussi vous voulez impressionner vos amis shmuppeurs avec un « Thunderforce? Ouais moi j’aimais bien le premier… » (« Vas-y, tu peux me toucher si tu veux »), il vous faudra passer par l’enfer du DOS et l’horreur glauque de l’émulation du PC88. Voici en quelques mots la marche à suivre pour, vous aussi, toucher du clavier une légende.

Commencez par télécharger l’archive fournie, dézippez le tout au même endroit. Lancez une session DOS, puis rendez-vous dans le dossier contenant les fichiers dézippés (si vous êtes déjà perdus, trouvez un ami qui a eu un 486 quand il était plus jeune). Tapez « N88 value », l’émulateur se lance. Sexy. Tapez F9, puis rendez-vous grâce à ce convivial explorateur de fichiers dans le même dossier créé. Sélectionner « force.cmt », puis entrée. La cassette du jeu est maintenant en mémoire, reste à le lancer. Tapez F1, puis tapez « cqsù » (équivalent AZERTY de « cas: » en QWERTY). Attention l’émulateur a visiblement un problème de gestion du clavier: une pression de plus d’un quart de seconde entraîne des frappes multiples, une action éclair est nécessaire, bikouik orbidèd. Le texte « FOUND:FORCE » apparait, sinon réessayez (des fois ça passe pas du premier coup…). Appuyez sur F5. Prenez maintenant un temps de réflexion pour penser non seulement à l’exploit technique que vous venez d’accomplir, mais encore à la jalousie haineuse qui va bientôt remplir le coeur des autres joueurs, telle une marée noire putride engloutissant un innocent bébé phoque tout dodu. Les directions sont au pavé numérique, les autres touches sont W, X et C, le jeu se lance avec espace, se quitte avec F10.
Merci au site Destroy All Monsters pour les pistes sur l’émulation.