Prehistoric Isle est probablement le jeu qui a véritablement établi SNK en tant qu’acteur de poids de la scène arcade. Celui-ci avait bénéficié à l’époque d’une distribution très importante, et rares étaient les salles d’arcade et cafés branchés à ne pas avoir leur exemplaire. Il faut dire que son attract mode, avec un T-Rex sur l’écran de titre et une démo montrant un dinosaure qui avalait tout cru l’un des joueurs tout en continuant à combattre l’autre, en imposait pas mal.

Prehistoric Isle est donc certes un classique, mais s’il a atteint ce statut c’est avant tout grâce à un marketing avisé. Qu’en est-il du jeu lui-même ? Eh bien le bilan est mitigé. Visuellement, c’est assez moyen, le jeu est techniquement honnête (pas de ralentissement même lorsque l’écran est saturé de sprites) mais les couleurs sont franchement criardes et le design des sprites laisse sceptique. La bande-son fait acte de présence et s’en sort somme toute plutôt bien.

Prehistoric Isle assume sans complexe son identité de « R-Type au pays des dinos », en agrémentant l’idée du module à sa façon : ici, le module peut se placer dans huit directions autour du vaisseau, adoptant pour chacune un tir particulier (tir frontal, bombes, mines, tir rebondissant…). D’autre part, il n’est pas indestructible, et après avoir intercepté quelques tirs il vous faudra en trouver un autre. Malheureusement, ce système assez sympathique sur papier se révèle astreignant à l’usage, car placer son module dans la position souhaitée est très énervant : il arrive très souvent qu’on laisse le doigt appuyé une fraction de seconde de trop et qu’on le place ainsi 45 degrés trop loin, laissant toute latitude aux ennemis de canarder à tout va. De plus, le jeu a manifestement été conçu pour être joué de bout en bout avec le module : si vous le perdez dans un passage un tant soit peu coton, votre ridicule petit tir frontal fera de vous une proie facile. Bonjour les vies perdues en série et les crises de nerf.

Il y a fort à parier qu’à l’époque vous aviez mis quelques pièces dans cette borne. Si c’est le cas, il n’y a pas de mal à se laisser aller à la nostalgie : Prehistoric Isle fleure bon l’ambiance des salles d’antan. Mais il a également mal vieilli, si bien que les moins de vingt ans (et en règle générale les joueurs objectifs) risquent d’avoir du mal à accrocher à sa maniabilité un peu hérissante.

En 1999, pour le dixième anniversaire de Prehistoric Isle, l’éditeur Yumekobo a sorti une suite de ce jeu sur Neo Geo.