Classique de l’Atari ST, Cybernoid the fighting machine a été porté en 1989 sur NES.
OK, le jeu prend quelques libertés avec les codes usuels du shoot them up avec la présence de gravité, mais en contrepartie il propose bien des aspects intéressants : la gestion de l’armement est très bien pensée et la variété des tirs proposés laisse rêveur.

De plus, ces tirs sont très bien adaptés au jeu, au point que savoir correctement utiliser telle ou telle arme à tel ou tel moment du jeu est rien moins qu’un plaisir. Le soft y prend une dimension « stratégique » qui était chose rare en ces temps reculés du siècle dernier. Cybernoid offre donc un gameplay original et intelligent, ce type de contrôle qui fait la grandeur d’un jeu.

La réalisation est au surplus plus qu’honorable : les graphismes sont clairs et certains passages sont décidément très bien amenés, ces structures tubulaires et autres amas de végétation avec une apparence « métallique » font vraiment sensation. Le jeu se contrôle sans trop de souci pour peu que vous ayez pris le pli de ce genre de shmup assez spécial et la bande sonore réussit ce tour de force d’être à la fois simple et efficace. Cybernoid est un habile mélange shmup/jeu d’exploration jamais lassant et toujours très jouissif, la succession d’écrans et la progression tantôt horizontale, tantôt verticale donne vraiment l’impression d’avancer rapidement dans le jeu. Explorer les combles de la planète investie est une vraie joie, un peu comme celle qu’on pouvait éprouver en jouant à de grands classiques comme Metroid sur cette même NES ou encore Turrican (passé à la postérité sur micro mais également porté sur NES au passage). Oui, mais…

Car il y a un mais et de taille : le jeu est vraiment d’une difficulté rebutante pour ne pas dire rageante. Vous serez assailli en permanence par des salves d’ennemis ultra rapides qui respawnent, certains écrans sont surréalistes et nombre de vos adversaires ont la détestable habitude de tirer vite et bien, avant même leur apparition à l’écran ! Et quand on change d’écran, celui-ci a à peine le temps de se matérialiser à vous que votre engin est déjà tombé sous une rafale large, aimantée et ultra rapide… Mais ce n’est pas tout, certaines configurations de passages sont à proprement parler impossibles. Quand une de ces structures tubulaires vous contraint à six mouvements cadrés en sachant qu’au quatrième il vous faudra composer avec des ennemis obstruant les conduits… et se déplaçant à une vitesse deux ou trois fois supérieure à celle de votre appareil… Eh bien autant sauter du douzième étage et penser qu’on n’aura que quelques contusions à l’arrivée sur le plancher des vaches ! La seule solution est dès lors d’employer judicieusement le « shield », dont l’effet protecteur n’est limité qu’à un seul et unique écran… Vous l’avez compris, seules vos ressources externes vous permettront de survivre… Mais l’accumulation de situations à l’âpreté délirante dépassera largement vos malheureuses possibilités…

Et c’est vraiment dommage car pour le reste le jeu est très bon… Mais quelle amère frustration de jouer à un jeu comme celui-ci, dont tout porte à croire qu’il est excellent, mais dont la difficulté totalement disproportionnée et véritablement insensée le ravale au rang de ces jeux qu’on ne peut plus voir en peinture, comme s’il s’agissait d’une sombre daube ! Ce qui n’est pas le cas techniquement parlant, mais du point de vue du plaisir ludique, ça suffit à tout faire rater.

A moins d’être un nerd qui n’aurait eu que ce jeu depuis sa sortie pour jouer, autant ne pas trop s’y attarder, sans quoi le désespoir risque de vous inciter à signer pour la légion étrangère… Alors prenez garde !