Un grand nombre de shoot’em up ont la mauvaise idée de se suivre et de ressembler. Elemental Master n’échappe pas a cette règle et vous évoquera un univers déjà familier car vu dans des titres tels que Phelios, Undead Line ou bien dans un genre plus récent Twinkle Tale.

Par exemple,Thunder Force III a beau exploiter formidablement les capacités de la bécane de Sega, il n’en demeure pas moins d’un classicisme déconcertant. Mais alors, doit-on se morfondre pour attendre désespérément l’élu ? Et bien oui et non… enfin ce n’est jamais simple avec Technosoft. Sorti en 1990 dans l’ombre de Thunder Force III, Elemental Master étonne. Pourquoi ? Il semblerait que Technosoft ait décidé alors de sortir des sentiers battus en proposant semble t-il son premier shoot pédestre. Pédestre si l’on veut puisque dénué de plates-formes et de scrolling multidirectionnel ,il n’a rien de pédestre tout compte fait !

Probablement sorti a cause du succès que rencontra Thunder Force III auprès des joueurs, Elemental Master surprend dès le premier regard ,arborant un univers peu commun généralement adapté dans les jeux de rôles. Mais alors, comment créer un jeu qui se baserait sur cette idée sans pour autant dénaturer l’esprit du shoot’em up ? On peut aisément imaginer que Technosoft voulait s’orienter vers le phénomène en vogue de cette époque, le RPG ! Dès lors, le développeur changea carrément le concept du jeu : mêler ces éléments d’Heroic Fantasy en agrémentant les recettes d’un shoot classique. En effet, Technosoft ne s’arrêta pas là, ce dernier voulant retranscrire la vision d’un succès déjà palpable, je veux parler du fer de lance de la firme : Thunder Force III, et oui encore et toujours lui !

Découvert par le reste du monde quelques années plus tard, Elemental Master est une merveilleuse symbiose entre le shoot vertical et des éléments qui caractérisent Thunder Force III.

-Les bonnes bases d’un Thunder Force.-

Comme d’habitude chez Technosoft, le scénario ne revêt qu’une importance accessoire puisqu’il ne s’agit que d’un prétexte pour en mettre plein les mirettes. Les puristes seront malgré tout heureux d’apprendre qu’il s’agit une fois de plus de repousser l’envahisseur hors de son territoire. En toute logique,l’action se passe dans une monde alliant allègrement magie et créatures fantastiques. En commençant par le héros qui n’est autre qu’un sorcier évoluant dans divers paysages liés a un élément qui leur est propre (feu, terre, glace, foret) et d’où le titre du jeu. C’est ainsi qu’il faudra choisir parmi les quatre niveaux parsemés de pièges et de bestiaux en tout genre.

L’air d’un jeu immense ! Elemental Master possède d’innombrables qualités, tout d’abord la variété des armes est étonnante et vous avez la possibilité de les accumuler. Lorsque vous en avez ramassé plusieurs,vous pouvez jongler entre elles ; ce qui s’avère utile pour franchir certains passages coriaces. Voilà ce qui n’est déjà pas si courant dans un shoot’em up. Seule la vitesse n’est pas variable mais le sprite du héros est étonnamment maniable et reste très équilibré. Malgré ce manque, Technosoft viendra agrémenter son bébé par une sorte de beam à la R-Type, ce dernier se recharge automatiquement et selon l’arme choisie l’attaque est différente(concept repris dans Thunder Force IV). Autre particularité, la possibilité de se retourner vers les ennemis venant de derrière, et voilà encore une singularité plutôt rare et qui renforce le fun.

Le plus extraordinaire dans Elemental Master réside dans la façon dont cette cartouche vous assène surprise après surprise. Estomaqué, le joueur passe de paysage en paysage, de morceau d’anthologie en morceau d’anthologie. Là, c’est une profusion de couleurs et de décors incroyablement variés (non,vous ne rêvez pas c’est bien une Mega Drive !). Là,c’est une progression dans un paysage rocailleux rendu à la perfection.Là, c’est le thème Blood-Stained Lake composé par Toshiharu Yamanishi (Funky Surounin ) qu’on aborde au stage 4, devenu culte pour toute une génération (a-t-on jamais rien entendu de comparable à part Thunder Force III…). Là,se sont des sprites énormes (bosses) et une animation plus coulée qu’un munster vieux de trois mois.

Malgré son classicisme apparent seulement, Elemental Master s’impose comme une des références du shoot vertical sur Mega Drive. Avec brio,il a réussi un mélange admirable de décors d’heroic fantasy en y intégrant les éléments d’un Thunder Force III,voilà ce qui n’était pas une chose gagnée d’avance.

Intense et immersif, Elemental Master s’inscrit au rang des titres cultes, sorti de l’ombre dont il était victime.