Super Star Soldier
Faites le test : demandez à quelqu’un ayant possédé une pc engine dans sa jeunesse ce qui l’a poussé à choisir cette splendide bécane. Vous risquez fort d’entendre: «à cause de Super Star Soldier ». Il faut dire que les premières secondes de jeu ne ménagent pas leurs effets : ça scrolle à fond la caisse, dans un décor d’une finesse graphique assez renversante pour le support. Normal que certains aient pété les plombs, et leur tirelire par la même occasion.
Bon, le scrolling se calme rapidement et le jeu commence. Les graphismes, eux, demeurent : c’est vraiment beau. En particulier ce premier niveau qui vous met en scène dans un paysage spatial, parcouru de structures métalliques et de lumières rougeoyantes. Je ne sais pas quel est le secret des p’tits gars de Kaneko, mais j’ai toujours trouvé la finesse graphique de Super Star Soldier bluffante. Les sprites ne sont pas aussi détaillés que ceux de Soldier Blade par exemple, mais n’en demeure pas moins cette impression de travail ciselé. La grande classe.
A l’époque de la sortie du jeu, l’ensemble de la presse jeux vidéo française avait présenté SSS comme la suite de Gunhed. J’imagine que, geek comme vous l’êtes, vous savez qu’il n’en est rien : Gunhed est un shoot à licence développé par Compile, tandis que SSS est la suite de Star Soldier, sorti sur Famicom en 1986. Ceci dit la confusion se comprend aisément quand on voit que l’éditeur est le même, et surtout que SSS s’inspire largement des recettes de son aîné : on retrouve pas mal de ressemblances chez certains ennemis (les cerveaux en particulier), le choix entre quatre armes, ainsi qu’une arme de support (seulement deux cette fois-ci), la vitesse est réglable par pression du bouton select, etc.
Cela étant, les habitués de Star Soldier sur Famicom reconnaîtront certains aspect du jeu originel : des thèmes musicaux sont repris, certains ennemis sont reconduits dans cette suite, notamment les vagues d’opposants « en cercle » si caractéristiques de la série, quelques bonus des cravan stages sont directement repris du grand frère et le boss du niveau 1 vous rappellera de bons souvenirs. Reste que SSS demeure davantage l’héritier de Gunhed que de Star Soldier.
Par ailleurs, d’aucuns voient en SSS un appauvrissement de Gunhed : moins de niveaux, système d’armement simplifié et à l’upgrade moins long, plus de scrolling horizontal. Pour ma part, je pense que l’idée des développeurs était de proposer une formule plus efficace, une action plus dense, en plus d’une réalisation améliorée : le jeu est vraiment plus pêchu que son aîné, exit ces temps mort qui plombent un peu l’action dans les premiers levels de Gunhed. Les musiques, très réussies, participent également à offrir un jeu plus rythmé.
Mais la grande force de SSS reste selon moi une montée en puissance de l’action et de la difficulté exemplaire tout au long du jeu. Le level 4 marque ainsi un tournant, avec son boss vicelard. Le niveau suivant vous demandera pas mal d’adresse pour passer au travers d’un dédale de lasers. Quant aux niveaux 6 et 7, ça scrolle beaucoup plus vite, les ennemis inondent l’écran si bien que le joueur, tête rentrée dans les épaules de crispation, ne desserre jamais les fesses. Dans le dernier level, vous devrez venir à bout, en plus du niveau lui-même, de presque tous les boss affrontés précédemment, avant de rencontrer leur maître.
Le combat final vaut d’ailleurs son pesant de cacahuètes : votre adversaire apparaît sur la droite, remontant l’écran à vos côtés avant de disparaître. Puis le voilà qui réapparaît en fonçant sur vous avant de s’arrêter pratiquement nez à nez avec votre vaisseau. La première fois, on fait un bond de un mètre. Le combat qui s’ensuit est rude, et vous fera frôler la crise de nerf à force de recommencer inlassablement ce satané level 8 pour vous reprendre une branlée. Usant mais jamais décourageant. Triompher de SSS est un délice, mais n’est pas chose facile, et demande plus de qualités d’esquive que de mémoire. Et si toutefois vous parveniez à maîtriser complètement le jeu, il existe un cheat code vous offrant deux niveaux de difficulté supplémentaires.
En bref : une réalisation de très haute tenue, tant sur le plan visuel que sonore, une action intense, une difficulté aux petits oignons et une replay value conséquente. Super Star Soldier, c’est un peu le shoot zéro défaut. Si l’on veut à tout prix jouer les grincheux, on pourra cependant regretter un level 2 en-deçà des autres (graphiquement et pour son boss très anecdotique), et la phase de « l’arène » dans le niveau 8 que je trouve un peu longuette. Mais bon, le constat est là : Super Star Soldier fait incontestablement partie de la crème du shmup sur console, et mérite sa place au panthéon du genre. Le fait qu’il s’agit d’un des jeux les plus emblématiques de la pc engine ne doit rien au hasard. Et puis être l’un des seuls shoots, comme Gradius, à avoir eu droit à une version parodique (Star Parodier), c’est vraiment la classe.
Testé par Laucops
Test crée le 5/04/09 à 13:57, modifié le 27/05/16 à 07:23